Le rappeur engagé camerounais sort le volume 2 de sa trilogie « Le Cameroun d’abord » le 26 novembre prochain. En prélude, votre magazine est allé à sa rencontre. Il nous donne les détails sur ce projet triple album et partage avec nous sa vision de la politique culturelle en vigueur au Cameroun.
Artiste rappeur camerounais, entrepreneur, leader associatif et diplômé de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC), Xzafrane défend un art attaché « aux valeurs de panafricanisme, de patriotisme, de vivre-ensemble, d’amour du prochain, du travail et du partage. » Le rappeur qui revendique une quinzaine d’année dans le milieu, trois albums studio, un Ep et plus d’une quarantaine de Singles confie n’avoir jamais travestit ses valeurs qui inspirent ses œuvres et interpellent ses contemporains.
Son engagement se décline également à travers son implication dans de nombreux projets qui touchent l’humain. Avec son association Camer’Aide, il mène au côté de l’ONG Pipad et Congruence Consulting en 2018, une campagne de lutte contre l’immigration irrégulière. Un an après, c’est contre les accidents de la circulation que le rappeur va engager une campagne de sensibilisation adressée à tous les usagers de la route. Xzafrane n’est pas insensible à la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie occidentale de son pays. Aux côté de d’autres artistes à l’instar de Maahlox et Dynastie le Tigre, il lance le Mouvement des artistes camerounais pour le retour de la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun (MAC).
Xzafrane a également une marque de streetwear, « Le Cameroun d’Abord », très prisée par ses jeunes concitoyens.
Nom : Christian Abessolo
Nom de Scène : Xzafrane
Date de Naissance : 19 mars 1989
Profession : Artiste, Rappeur engagé, Entrepreneur, Leader associatif
Instruments utilisés : Voix
Discographie.
Album et Ep Année de publication
Un Million de problèmes 2014
5 Majeurs (Ep) 2016
Le Cameroun d’abord I 2021
Le Cameroun d’abord II 2023
« Le Cameroun d’Abord », la trilogie inquisitoire.
En 2020, le rappeur se fixe pour challenge de produire une trilogie, « Le Cameroun d’Abord » volume I, II et III. Dans sa stratégie, cette trilogie devait porter sa carrière sur une période de cinq ans, de 2020 à 2025. Le volume II devait en principe être produit en 2022. L’album arrive un an après, mais pour le rappeur, ce petit décalage dans son agenda de base ne devrait logiquement pas beaucoup compromettre ses plans. Il espère que le volume III paraitra effectivement en 2025.
En attendant, dégustons d’abord les deux premiers volumes. Le volume I de la trilogie est un opus qui dépeint sans édulcorant, la société camerounaise dans laquelle le rappeur se meut tel un phare pour apporter un brin de lumière sur les zones d’ombres. « Le Cameroun d’Abord » volume I est : « Un réverbères braqué sur le Cameroun, pour faire l’Etat des lieux et planter la graine qui devrait permettre au Cameroun de véritablement germer », explique l’auteur. Son matériel de combat, son évidement les œuvres qui composent l’album, un vrai réquisitoire contre les dirigeants au pouvoir à Yaoundé depuis quarante-et-un ans maintenant.
« Le Cameroun d’Abord » appelle au patriotisme, à l’engagement citoyen des 25 millions que nous sommes sous « le continent » d’Afrique centrale. « Un appel à protéger le Cameroun, à davantage aimer notre pays et à poser des actes qui peuvent permettre à ce que son rayonnement soit effectif. Une invitation à travailler pour le bien de sa patrie et à penser à la postérité».
L’artiste invite les dirigeants à mettre en commun toutes les compétences, toutes les énergies pour construire une nation unie et prospère dans diversité. En somme, Xzafrane souhaite que l’on résume « Le Cameroun d’Abord » en un hymne, un chant de ralliement qui invite à l’amour pour la patrie.
Le volume II, panafricanisme exalté…
« Le Cameroun d’Abord », n’est pas un repli sur soi, un déni de l’existence de l’autre. Dans le volume II, l’artiste fait de nombreuses collaborations avec des collègues rappeurs du continent. Sur la track list, des artistes de renoms de la scène Hip-Hop africaine sont présents. Sur certains titres, Xzafrane est en featuring avec Defty de la Côte d’Ivoire, Rodzeng du Gabon, et surtout Didier Awadi du légendaire groupe Positive Black Soul du Sénégal. Ces collaborations montrent s’il en est encore besoin, la fibre panafricaniste du rappeur engagé camerounais.
Le rappeur fixait déjà le cap dans l’intoi du volume I : « Le Cameroun d’Abord », n’est pas un appel au boycott ou au rejet de l’étranger, c’est juste une façon d’exprimer ma camerounité et d’appliquer valablement la loi de la bonne charité ». Le Cameroun d’abord appel à bien travailler pour le rayonnement du Cameroun, afin d’irradier l’Afrique et le reste du Monde. Le Cameroun, terre d’hospitalité ne saurait fermer la porte aux étrangers. Le Cameroun d’Abord, est in finé l’expression d’un humanisme, celui de l’auteur, qui prêche un bien-être de tous, une répartition rationnelle et durable des ressources.
Le contenu du volume deux de la trilogie « Le Cameroun d’abord » est assez éclectique. Il s’adresse en premier lieu, à l’élite dirigeante, et ensuite à la jeunesse africaine qui sera appelée à prendre le flambeau dans un avenir plus ou moins proche. C’est un savant mélange de Bump Up des années 90, de l’Afro-Drill plus actuelle. Pour porter l’espoir et susciter un plus grand engagement de la jeunesse, outre les Quest Star citées plus haut (Defty de la Côte d’Ivoire, Rodzeng du Gabon, et surtout Didier Awadi du Sénégal), de nombreuses stars camerounaises partagent l’affiche avec le rappeur. Il s’agit notamment de Kareyce Fotso, Mimie, Lydol, Mr Leo, Sandrine Nnanga, Krotal, Boudor, Sultan Oshimin, Sodjip entre autre.
Quelques références.
2016 Xzafrane-Yaoundé Tour
2018 Campagne « Eldo Rdeaux No Way
2019 Campagne « Plus Jamais Ça »
2020 Campagne « Mon Village Sans Covid »
2020 Lancement du Mouvement MAC
2022 Meilleur Rappeur (Awards TPVA)
Sur la question, l’artiste est peu loquace. Il pense et de manière péremptoire que « il n’a pas de politique culturelle au Cameroun ». Il soutien sa thèse par le fait que, le ministère en charge des arts et de la culture au Cameroun dispose du budget le plus faible. Les artistes musiciens par exemple poursuit-il n’arrivent à s’entendre depuis une dizaine d’années, à s’accorder sur l’érection d’une société de gestion collective des droits d’auteurs. Les différentes catégories d’arts ne sont que très faiblement prises en considération, sinon pas du tout dans certains cas. Le Cameroun propose une quantité assez congrue de festivals, les salles de spectacles sont quasi inexistantes, les salles de cinéma ont toutes fermé les portes. Il conclut sur la question en arquant que, « on ne peut pas parler de politique culturelle dans un pays où l’artiste n’a même pas statut ». Dommage.
Sur l’affaire Camtel – Lady ponce – Fally Ipupa.
Pour le rappeur, une affaire Lady Ponce – Fally Ipupa n’a jamais existé. C’est une manipulation pure et simple de certains leaders d’opinion à l’esprit retord qui tendent d’opposer les deux artistes. « Lady Ponce ne s’est jamais opposée à une prestation éventuelle de Fally Ipupa au Cameroun. Lady Ponce a posé un problème de souveraineté culturelle. »
Le problème s’adresse d’avantage à l’opérateur de téléphonie mobile, sponsor de ce spectacle. Dans notre contexte camerounais où la politique en vigueur ne promeut pas l’art, une entreprise citoyenne comme Camtel aurait pu tirer son épingle du jeu, en mettant en avant pour les festivités relatives à son 25ème anniversaire, des artistes nationaux. « Lady Ponce propose à Camtel de mettre un artiste camerounais au même rang que Fally Ipupa ». Pour Xzafrane, Camtel n’a pas appliqué la logique « Le Cameroun d’Abord ».
Rendez-vous le 26 novembre sur toutes les plate-formes légales pour la sortie du volume II de la trilogie, « Le Cameroun d’Abord ». Un album de 19 titres à consommer sans modération.