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Blick Bassy : plein phare sur un panafricaniste qui s’assume.

Nommé en février 2023 aux côtés de l’historienne Karine Ramondy co-directeur de la Commission mémoire sur le Cameroun par le président français Emmanuel Macron, le chanteur, auteur compositeur, percussionniste et romancier camerounais Blick Bassy s’est confié à nous et nous en a révélé un peu plus sur les missions qui lui incombent en tant que tel, ainsi que sur sa vie privée et professionnelle.

Enfant, rêviez-vous de devenir l’artiste pluridisciplinaire que vous êtes aujourd’hui ?

Oui, j’ai eu la chance, très jeune, d’être convaincu et sûr que je ne pouvais rien faire d’autre que développer la créativité qui m’anime.

Qu’est ce qui a causé le déclic du point de vue artistique ?

Au-delà du fait que j’ai eu la chance de commencer à chanter très tôt, dès mon plus jeune âge, j’ai continué à développer cette activité passionnante. Après mes études secondaires, elle s’est imposée comme un mode de vie évident, me poussant à tout arrêter pour me consacrer pleinement à elle. J’ai la chance que l’art soit pour moi bien plus qu’une simple passion, c’est une véritable démarche de vie qui ne nécessite aucun déclencheur, car il fait partie intégrante de qui je suis.

Après l’avoir cofondé en 1996 avec (Ruben Binam, Roger Dubois, Henri Okala …), vous quittez finalement le groupe MACASE en 2006. Quelles en étaient les raisons ?

Mon envie était de partir à la rencontre de l’humanité et de la diversité du vivant dans un monde foisonnant de milliards d’êtres vivants aux formes variées, aux cultures diverses et plurielles, et aux espaces de vie magnifiques, empreints de beauté et de poésie. C’est grâce à l’intelligence collective des dieux et de la nature que ces richesses nous sont offertes. En tant que « Sciençeur »passionné, j’aspirais à partager mon énergie vibrante avec d’autres êtres. Je souhaitais également partager le récit que je porte en moi, celui qui me définit.

Avoir beaucoup voyager et explorer d’autres horizons a-t-il impacté votre art ?

Bien sûr, et pas seulement dans mon domaine artistique. J’ai toujours affirmé que la musique et l’art m’ont sauvé la vie, car ils m’ont permis de m’immerger dans différentes cultures, d’apprendre des autres et de m’enrichir intellectuellement. Les voyages sont également essentiels, car ils nous permettent de voir notre lieu d’origine sous un nouvel angle, et ainsi de contribuer à l’amélioration de notre environnement.

Votre 5e album MADIBA, dédié à l’eau sur des arrangements très électroniques et très rêveurs est sorti en 2023, comment a t’il été accueilli par le public mais surtout par vos fans ?

Je suis extrêmement satisfait de cet album, car il représentait pour moi un véritable défi. Le public a très bien accueilli ce cinquième opus, qui, au-delà d’aborder une thématique essentielle, m’a permis d’explorer de nouveaux horizons sonores.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à traiter de cette thématique de l’eau êtes-vous un artiste engagé dans la protection de la planète ?

Il m’a semblé évident d’aborder ce sujet, car il est au cœur de toutes nos problématiques. Lorsque nous nous penchons un peu sur ce qui se passe dans nos sociétés, que ce soit au nord ou au sud de la planète, nous constatons un lien étroit entre notre rapport fragilisé avec le vivant et le capitalisme. Si nous sommes attentifs au fonctionnement et à la vie de nos espaces d’existence, il devient évident qu’il est urgent de repenser notre relation avec le vivant. Je milite en faveur de la reconstruction de sociétés conscientes qui encouragent la co-contribution entre les êtres vivants.

Vous résidez en Europe depuis plusieurs années déjà mais, vous continuez de chanter en langue bassa, votre musique aborde des thématiques de l’indépendance, la colonisation, …. Êtes-vous panafricaniste ?

Je suis africain, camerounais, si ces termes définissent le lieu où je suis né. Ce sont des espaces de vie offerts par les dieux et la nature, mais dans lesquels les habitants rencontrent des difficultés en raison d’une désorganisation structurelle. J’ai donc la responsabilité d’utiliser ma voix pour contribuer à la construction de cet édifice.

Vous avez osé la réalisation cinématographique avec votre tout premier long métrage « Future Lullaby », pourquoi votre choix s’est-il porté sur la célèbre tiktokeuse camerounaise Diana Bouli en tant qu’actrice principale ?

Diana Bouli est une jeune actrice extrêmement talentueuse. J’ai donc décidé de lui offrir une opportunité, car je crois en son potentiel et en un avenir prometteur pour elle si elle continue à travailler dur.

D’autres projets en cours sur le plan cinématographique ?

Oui. Je travaille sur un court métrage que je compte tourner cette année.

Dans votre livre Le Moabi Cinéma paru au printemps 2016, vous traitez de la question de l’immigration et vous présentez l’occident avec humour comme le miroir aux alouettes d’une jeunesse camerounaise désœuvrée et inconsciente des richesses de son pays. Comment comprendre cette posture éditoriale, alors vous-même êtes dans la diaspora ?

Je pense que beaucoup de personnes commettent l’erreur de ne voir qu’une partie du tableau. En vivant en Europe et en voyageant à travers le monde, j’ai acquis une perspective plus authentique pour analyser la vie de nos compatriotes dans ces espaces. Les conditions de vie que j’ai aujourd’hui et le réseau que j’ai construit me permettent de vivre « mieux » que beaucoup de nos compatriotes. Il est certain que je n’interdis à personne de venir vivre ici ou ailleurs, mais je tiens à attirer l’attention sur le fait que notre continent est unanimement considéré comme le plus riche, et pourtant, nos enfants fuient en masse. Cela pose un problème. Comme les autres, je suis partie ailleurs pour contribuer à l’amélioration de mon pays, mais je ne fuis ni mon pays, ni mon continent.

Votre premier roman a plutôt été bien accueilli par la critique. Peut-on s’attendre à d’autres productions littéraires ?

Oui. Je travaille également sur un second roman que j’espère terminer cette année.

En 2023, vous êtes nommés aux cotés de l’historienne Karine Ramondy, co-président de la direction mémoire sur le Cameroun par le President français Emmanuel Macron, quelles sont à cet effet, les rôles et missions qui vous incombent ?

Le rôle de Karine et des 15 historiens camerounais qui l’accompagnent est de travailler sur les archives pour reconstituer les éléments d’information nécessaires à l’établissement de la vérité de manière scientifique. De mon côté, je parcours tout le territoire camerounais à la rencontre des témoins afin d’enregistrer leurs témoignages vivants, de cartographier les lieux des crimes et de recueillir un maximum d’informations pour alimenter le travail des historiens.

Comment ça s’est passé pour que le Président français vous confie une mission aussi importante ?

Je suis convaincu que le travail que je mène depuis une vingtaine d’années pour reconstruire nos espaces de vie et préserver la mémoire, ainsi que l’album dédié aux combattants de la liberté, ont joué un rôle crucial.

Quelle est la plus-value d’une telle nomination pour la culture africaine que vous représentez ?

Je pense que ce qui compte le plus, ce n’est pas tant la nomination en elle-même, mais plutôt l’opportunité qui nous est donnée de rendre enfin hommage à nos proches tout en collectant des archives essentielles pour écrire notre histoire nationale. Cette occasion nous permet de préserver notre mémoire collective et de mieux comprendre notre passé. C’est un travail précieux et significatif qui nous permet de construire notre patrimoine commun.

Que pensez-vous des coutumes et traditions camerounaises ? êtes-vous au courant des vôtres et les respectez-vous ?

Nous sommes le fruit de notre environnement, de nos traditions et de notre culture. Cela est particulièrement vrai dans nos communautés, où le véritable dénominateur commun que nous partageons actuellement est constitué des coutumes et traditions qui perdurent dans notre quotidien.

Quelques artistes camerounais et Africains qui vous marquent véritablement ?

Il y a des artistes qui m’ont musicalement marqué, Salif Keita , Myriam Makéba, Manu Dibango , le sud-africain Ringo, Eboa lottin, j’adore Ndédi Dibango , Emile Kanguè Misseh Ngoh , Nkodo si tony, Nkotti François, oh lala nous avions d’incroyables artistes à une époque.

Quelques célébrités internationales avec qui vous envisagez collaborer.

J’ai un feauturing sort ce mardi 09 avril avec l’artiste Australien Ry X, puis un autre à la fin du mois avec mon compatriote camerounais Yâme, d’autres featuring arrivent plus tard.

Votre souhait pour la culture Africaine.

Il est crucial que les institutions et les investisseurs prennent enfin conscience que les industries culturelles et créatives représentent bien plus qu’un simple secteur économique, mais une véritable opportunité de reconstruire un espace harmonieux en accord avec ses racines.

Jardin secret :

Marié ? Des enfants ?
Non, des enfants oui.

Votre plat préféré, votre signe astrologique, vos loisirs,
J’adore toute la cuisine Camerounaise, Je suis Taureau, j’adore les sports de combats

– Timide ?
Oui, mais je l’ai un petit peu apprivoisé.

– Quelques pays où vous aimez bien vous rendre
J’ai la chance d’être allé presque partout , il ne me reste que très peu de pays a visiter , comme Cuba que j’adore

Written by Elsa Bang

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