Didier Denguel
Le stade Omnisport de Bepanda à Douala va servir de cadre au concert du 30 décembre prochain. L’évènement sponsorisé par Camtel dans le but de promouvoir son produit « Blue Star » aura comme tête d’affiche le chanteur congolais Fally Ipupa. Il sera entouré pour la circonstance des artistes Ben Decca, Indira et Cysoul, tous les trois de nationalité camerounaise.
Une partie de l’opinion nationale camerounaise pense que, au nom de la préférence nationale, Camtel aurait dû choisir un artiste local comme tête d’affiche de cet évènement. Une autre pense pour sa part que l’opérateur de téléphonie mobile a opéré un choix probant. Et si Camtel avait raison ? Au moins deux arguments structurent ce questionnement.
Au nom de l’unité des peuples africain…
L’un des objectifs de l’union africaine est d’accélérer l’intégration politique et socio-économique des peuples du continent africain. Le Cameroun, Afrique en miniature devrait se distinguer comme un acteur de premier plan dans cette démarche. Tout africain doit se sentir chez lui partout où il se trouve. Les frères du continent doivent ressentir ce sentiment d’acceptation quand ils sont au Cameroun, autant que les camerounais doivent être à leur aise lorsqu’ils se meuvent sur le reste du continent.
Un devoir de mémoire nous oblige à noter que, de nombreux artistes camerounais, se sont établis ailleurs sur le continent et ont mené leur carrière sans anicroche. Toumba Minka de regretter mémoire a passé l’essentiel de sa carrière en côte d’ivoire. Prince Niko Mbarga, artiste camerouno-nigérian vivait à cheval entre le Nigéria et le Cameroun. Ses œuvres une subtile mixture des rythmes de ses deux pays d’origine étaient adulées par les mélomanes du Cameroun et du Nigéria. En juin 2018, Manu Dibango, saxophoniste camerounais, réunie 1.200 personnes à Abidjan pour la célébration de ses 60 ans de carrière. Il y a séjourné auparavant, notamment dans les années 1970, où il exerça comme chef d’orchestre de la RTI, l’office public de radio et télédiffusion ivoirienne.
Les exemples de cette nature sont nombreux. Un inventaire complet se révélerait être un exercice périlleux.
Camtel est une entreprise publique, et non un établissement public.
Par définition, l’entreprise est une unité de production juridiquement autonome dont l’objectif est de produire des biens et/ou des services à destination d’un public afin d’en tirer profit. Camtel produit donc des biens et des services de télécommunication, destinés au public camerounais. Pour réaliser des bénéfices, elle doit mettre en place des stratégies pour séduire ses cibles. Le concert projeté le 30 décembre prochain fait évidemment partir de la stratégie de l’entreprise.
De nombreuses études montrent clairement que, Fally Ipupa est l’artiste le plus suivi par les camerounais. Il semble donc de ce point de vue, être la personnalité la mieux à même de rassembler le public dont l’entreprise a besoin pour véhiculer son message et même obtenir la sympathie de son public.
Comme l’a indiqué fort opportunément monsieur Tsama Minala Dominique, ancien conseillé à la commission technique de réhabilitation des entreprises publiques au Cameroun, dans un post largement relayé sur les réseaux sociaux : « Camtel évolue dans un environnement fort concurrentiel avec des mastodontes tels que Orange et MTN… ». Ces concurrents font régulièrement venir au pays, des artistes internationaux. A titre d’exemple, Orange à réunie 60.000 personnes à l’esplanade de l’hôtel de ville de Yaoundé en 2011, en invitant la rappeuse française Diam’s. MTN a mobilisé 100.000 personnes en 2012 autour du groupe nigérian P-Square.
Normal donc, qu’en réponse à ses concurrents, Camtel fasse venir un artiste de renommée internationale, qui plus est, le plus suivi au Cameroun.
